Visite aux 10

  Tribu de Tiendanite, 22 sept.2007 - Le viel homme au cheval dit "On etait très malheureux avant, je ne trouve pas de mot pour le dire. On était enfermés dans la tribu, interdit de sortir vers la vallée, on ne pouvait plus survivre. Toutes les terres appartenaient aux blancs." (...), "et puis un jour Jean Marie est revenu, il a decidé de demissionner", "quand il a pris sa decision il nous a dit "ma soutane cache ma race, c'est comme une montagne entre moi et mon peuple".
Sur la route en allant à la tribu, sur le coté se trouvent encore les deux pick up ou plutôt leurs caracasses effondrées. C'est là, une nuit de septembre 1984 que 10 hommes de la tribu de Jean Marie Tjibaou sont morts. Ils revenaient d'une réunion politique de l'UC, il était tard, 17 hommes répartis en 2 voitures. Soudain, la première voiture pile, un tronc de cocotier barre la route. La seconde voiture manque de les percuter. Et puis, les coups de feu, c'est une embuscade, 2 groupes armés tirent sur les occupants des voitures. Sur 17 hommes, 7 reussissent à s'enfuir en se cachant dans la rivière toute proche. Les hommes armés leur courrent après, achevent les bléssés, jetent les corps dans la rivière qui longe la route. Des corps seront retrouvés avec plus de 30 impacts de balles, meconnaissables. Les blessés restés dans les pick up sont aspergés d'essence et mourront brulés vifs. Parmi eux, 2 Tjibaou, dont le grand frere de Jean Marie, Louis.
Un medecin militaire, alerté, reussira à extirper deux blessés des flammes mais ils mourront à l'hopital. Le medecin, temoin de la tuerie, sera muté en métropole deux semaines après.

On estime que les tireurs étaient une quinzaine, on en inquietera à peine 10. Le procès, un an plus tard, les acquitera tous. C'etaient des jeunes caldoches et des moins jeunes. Ils connaissaient leurs victimes, ils faisaient aussi partie de l'UC, ils allaient à la chasse ensemble. On dit que pour se preparer au massacre, ils avaient bu et fumé. Ils ont quitté la région pour aller vivre à Nouméa, ils ne reviendront jamais sur Hienghene. Il y en a encore 2 vivants sur Nouméa, avec leur gloire furtive d'antan et la honte aujourd'hui.
JM Tjibaou a choisi à l'époque de ne pas declencher de riposte mais a choisi la voie politique.
Aujourd'hui à la tribu, les tombes des 10 sont à coté de la Chapelle et jetent sur le village une ombre indelebile. Plus loin, il y a la tombe de Jean Marie, assassiné lui aussi quelques années plus tard.